Jocelyne DELHEZ
La nature n'a pas besoin des humains. Les êtres humains ont besoin de la nature

Les rendements de l'agriculture biologique, un quiproquo tenace

Publié par Jacques Caplat le 3 Mai 2015

Essais comparatifs en SuisseLorsqu'est abordée la question, essentielle, de la lutte contre la faim dans le monde, il est fréquent d'entendre dire que l'agriculture biologique présente des limites à cause de ses rendements inférieurs à ceux de l'agriculture conventionnelle, prétendument démontrés par plusieurs « études scientifiques ». J'ai largement démontré dans mes livres, et résumé dans un précédent article, à quel point ce poncif est faux et trompeur. Il est toutefois utile que je développe ici les raisons pour lesquelles cette idée reçue témoigne d'une approche scientifique archaïque et quels sont les malentendus s'y relient.

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Point de bascule

Points de basculeLa biosphère est un ensemble complexe d'éléments interconnectés où l'altération de l'un d'entre eux affecte tous les autres. Mais cet ensemble ne réagit pas comme un jeu de dominos où la culbute d'une pièce entraîne aussitôt ses voisines dans sa chute. Les éléments qui influent sur le le climat sont comme les briques de la biodiversité :

« On peut comparer la biodiversité à un jeu de mikado et ses pertes aux baguettes que l'on retire au fur et à mesure. Enlevez-en une, puis deux, rien ne bouge. Mais un jour le tas pourrait s'écrouler sur lui-même. » (Jacques Weber, directeur de l'Institut français de la biodiversité)

Toutes les composantes de notre écosystème peuvent être assimilées aux baguettes de cette métaphore. Et nous nous rapprochons inéluctablement du point de rupture. « Les climatologues parlent d'effet de seuil à partir duquel tout peut basculer dans l'irrémédiable » (Claude Lorius, Laurent Carpentier , Voyage dans l'Anthropocène, p.142, Babel, 2013)

Nous en sommes là. Notre écosystème unique, primordial pour la perpétuation de notre espèce, est fragilisé, mais il tient encore debout. Jusqu'à quand ?

Vous pouvez lire à ce sujet l'article du magazine GoodPlanet Info : Au cœur de la recherche, les « points de bascule » du climat.

Sur les toits

Potager sur les toitsLa nouvelle tendance chez les chefs étoilés est de produire soi même ses légumes. Cela a commencé en province avec par exemple le savoyard Marc Veyrat et aujourd'hui les chefs parisiens installent des potagers sur les toits de leurs restaurants (voir l'article de Good Planet).

Ils ne sont pas encore auto suffisants, mais c'est un bon début et des entreprises et des particuliers s'y mettent aussi. Autant optimiser ces surfaces qui servent trop peu souvent de support au panneaux photovoltaïques. Les villes vont devenir plus vertes.

Maisons ruchesDe nombreux édifices publics ont déjà installé des ruches sur leurs toits (Opéra Garnier,  Musée d'Orsay, Centre Beaugrenelle,  Notre Dame, ...) et produisent un miel d'excellente qualité car les abeilles sont moins exposées aux pesticides en ville qu'à la campagne et les polluants des gaz d'échappement restent près du sol.

Des architectes imaginent même pour Paris en 2050 des maisons-ruches alimentées en énergie renouvelable,  avec vergers et potagers suspendus. 

Ce n'est peut être pas simplement un délire d'architecte, mais bien la réalité de demain. 

Vivant à vendre

Abeille pollinisatriceUne décision datée du 25/03/2015 de la Grande Chambre de Recours de l'Office européen des brevets (OEB) vient d'octroyer plusieurs brevets pour des légumes au profit de firmes internationales.

Il existait déjà le COV (Certificat d’Obtention Végétale) qui permet aux semenciers de faire payer une redevance sur des variétés sélectionnées. Avec la possibilité de breveter des espèces non modifiées génétiquement, les fabricants de pesticides, herbicides, insecticides, poisons en tout genre hérités de la guerre, progressent dans leur appropriation du vivant.

Les paysans et même les jardiniers du dimanche seront-ils obligés, dans un avenir proche de verser une redevance pour planter des céréales ou des légumes qui appartenaient jusque là au patrimoine de l'humanité ?

Ce n'est pas l'OEB qui fait la loi dans l'Union Européenne, mais il cherche à influencer les légistes. Il est à parier qu'il profite de la trêve estivale pour essayer de faire passer en douceur une loi qui engage notre avenir. 

 Le Parlement Européen laissera-t-il la finance accaparer le bien commun ? Ou le bon sens et la raison l'emporteront-ils ?